En jouer

1. Tenir l'instrument
2. Tablatures
3. Un air simple pour commencer ?
4. Stages, méthodes
5. Les ornements de notes
6. La santé du concertiniste
 
 
 

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1. Tenir l'instrument

Jouez assis les deux pieds au sol, les jambes légèrement écartées. Afin de laisser la plus grande liberté d'action aux bras, nombre de grands concertinistes préconisent de jouer le soufflet au travers d'une cuisse. Personnellement j'ai choisi de faire reposer chaque côté du concertina sur une cuisse en laissant le soufflet se déployer entre les jambes (voir la photo). Cette position se justifie car :

- elle fait reposer tout le poids de l'instrument sur vos jambes et non sur vos bras qui auront suffisamment à travailler.
- elle évite au soufflet de frotter sur votre cuisse et de s'user à ce contact.
- elle tend à vous faire utiliser vos deux bras en répartissant vos efforts.

Réglez les lanières pour un maintien ferme mais sans compression des mains (peut-être avec ce système). Posez vos 3 doigts (index, majeur et annulaire), sur les premiers boutons de la rangée du milieu (du Ré grave au Mi aigu, voir tablature ) et le pouce de la main droite sur le bouton respiratoire.


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Dernière mise à jour : Janvier 2002

2. Tablatures
 

En musique traditionnelle irlandaise on utilise, dans 90% des airs,  environ deux octaves, depuis le Ré grave jusqu'au Si aigu.

Afin de produire ces notes, je vous propose les deux tablatures qui suivent. Ces deux-là, mais il en existe d'autres, sont bien adaptées au jeu irlandais et se rencontrent fréquemment. Utilisez l'une ou l'autre au gré des phrases musicales  suivant que vous souhaitez privilégier un mouvement avec ou sans trop de "poussés-tirés".

Pour la gamme de Ré on utilise le Do# qui se trouve sur la rangée extérieure (main droite).

Je vous invite à jeter un oeil sur d'autres tablatures pour le cas où vous auriez un concertina accordé différemment (Ré/Sol par exemple, avec deux rangées au lieu de trois etc...) Pour s'y retrouver sur la Toile entrer les mots "layout fingering concertina".
A titre d'exemple un lien assez sympa mais, hélas faisant usage d'une notation anglaise :
http://www.concertina.com/fingering/images/anglo20-W1000H300.gif

Ou encore celui-ci en français, communiqué par Mélinda Sarasar de www.konzertinazs.com

  Quelques tablatures au format .TEF sur le site Fariboles ici : http://www.fariboles.net/10.html


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Dernière mise à jour : Janvier 2012

3. Un air simple pour commencer ?

Il existe une "hiérarchie" entre les danses irlandaises. On estime ainsi et souvent avec raison qu'un "reel" est plus difficile à acquérir qu'une "jig" qui est elle-même plus compliquée qu'un "hornpipe"...
La  "polka" se situe au rang des airs simples, je vous en propose donc une : "Ballyhoura Mountain".

Elle est simple parce qu'elle n'utilise que 5 boutons : 2 à gauche et 3 à droite. Les notes qui posent problème au débutant sont mises de côté : le Do# (rangée supérieure à atteindre avec l'index droit), le Fa# (si difficile à atteindre avec l'auriculaire gauche), le Ré grave (avec l'annulaire gauche). On n'utilise que 4 doigts (l'index et le majeur de chaque main, les doigts les plus fermes et les plus habiles) sans pratiquement les déplacer de leur place ! La polka est bien sûr un peu répétitive et lassera vite l'aficionado, mais tel n'est pas le premier souci du débutant.

Pour utiliser ce tune sous TableEdit que vous aurez téléchargé au préalable (voir la rubrique "Outils") lancer ce lien "Ballyhoura mountains concertina.tef"

Vous trouverez à cette adresse d'autres tunes au format .tef ou .pdf . Dont des gammes de Sol et de Ré (de Noël Hill). Merci à Roger Poitevin qui me les a tranmis.

Je ne saurais trop vous conseiller d'exploiter le site de Henrik Norbeck pour la recherche de vos airs irlandais http://home1.swipnet.se/~w-11382/abc.htm

Attention : toutes les références sont exprimées en notation "abc" une convention pratique pour nos échanges sur le net mais qui demande une initiation. Pour rechercher un air voir aussi cette possibilité :  http://trillian.mit.edu/~jc/music/abc/FindTest.html


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Dernière mise à jour : Juillet 2011

4. Stages, méthodes :

4.1. Stages

Je ne saurai trop vous conseiller de suivre un stage tant il est vrai que la rencontre d'autres concertinistes est enrichissante. Un bon professeur vous fera gagner du temps en vous écartant des erreurs les plus grossières et des mauvaises habitudes si difficiles à abandonner.

Pour ceux qui aiment les voyages et se débrouillent en anglais citons deux stages, parmi d'autres, organisés chaque année en Irlande (comté du Clare) :

. A Miltown Malbay durant la Willie Clancy Week début Juillet, voir
http://www.miltownmalbaytourism.com/willieclancy/index.html

. A Kilrush ou Feakle en Août, voir
http://www.eigsemrscrotty.com/
Ci-dessous un bon compte-rendu en images du stage http://homepage.eircom.net/~shields/MrsCrotty05/index.htm

Peu de stages en France mais de qualités !

. A Tocane Saint Apre (Dordogne), LA référence pour la MTI en France, chaque année fin Juillet. Bien que leur site ne soit plus trop à jour voir
http://www.setdance.com/tocane/tocane.htm

Pour susciter quelques envies, je vous propose :

    - le récit de mon stage avec Aogan Lynch en Juillet 2002 ;
    - quelques photos du stage.

. En Alsace, durant la "Rhine Valley Feis Ceol", traditionnellement chaque week-end de Pentecôte (quid avec la disparition de ce jour férié ?), du côté de Strasbourg, voir
http://perso.wanadoo.fr/clandillon/rvia

. Régulièrement des stages à Paris organisés par l'association irlandaise, voir  http://www.association-irlandaise.org
 

Pour avoir suivi des stages à Miltown et  à Tocane je dirai que le stage français, dans une certaine mesure, est plus convivial que l'irlandais. Les professeurs (souvent les mêmes) qui sont en vacances en France et sollicités par des élèves peu nombreux, sont disponibles, abordables, détendus.
 
 

4.2. Méthodes

Je termine avec une possibilité  beaucoup moins pertinente : le travail chez soi avec une méthode (ouvrage + CD ou K7 audio) et aujourd'hui, dernier  raffinement de la technologie, en exploitant une K7 vidéo ou un CD-ROM. Les choses évoluant très vite je me contenterai de vous renvoyer sur le site http://www.concertina.net qui fait régulièrement le point sur ce sujet. A signaler toutefois la vidéoK7 de John Williams, voir http://www.johnwilliamsmusic.com/disc.htm et le CD-ROM de Niall Vallely, voir http://www.madfortrad.com/concertina.htm

Une adresse pour acquérir une méthode (en anglais) : http://www.mally.com

Pour tous ceux qui sont allergiques à la langue anglaise je propose ma propre méthode en Français : "Le concertina irlandais, une méthode pour jouer de la musique irlandaise sur (ou avec !) son anglo-concertina".

Thomas nous présente sur YouTube un petit air qu'il a appris en suivant ma méthode. Cliquer sur l'image pour l'écouter.


 


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Dernière mise à jour : Fév 2011


5. Les ornements de notes

5.1. De la théorie...

Même si les opinions divergent sur sa "traditionalité" au concertina, l'ornementation des notes se rencontre assez souvent. Je n'évoquerai ici que les ornements par ajout ou substitution de note. En MTI (musique traditionnelle irlandaise) les ornements se décomposent en :

Cut par rajout d'une brève note devant la note à orner. Par exemple :

Doublé. La note est encadrée de deux battements brefs l'un avant la note, l'autre après. Par exemple :
Roll. La note se décompose en deux croches ou trois croches, selon sa durée : noire ou noire pointée. Par exemples :
Triplé ou triplet. Trois notes, identiques ou non, séparées d'un bref silence et égales à deux notes en durée (cf. le triolet). Par exemple :
Cran. A l'origine ornementation spécifique au uilleann-pipe sur le Ré et le Mi. Par exemple :
5.2. ... à la pratique :

Le but de l'exercice est de reproduire (modérément) ces ornementations au concertina avec plus ou moins de facilité, de possibilité (de quasi impossibilité pour le cran qui sera remplacé par un triplé), bref d'adaptation. Pour la clarté de l'exposé ci-après une tablature, parmi d'autres, avec des boutons numérotés, présentant les notes les plus utilisées en MTI.


T = tiré, P = poussé.

Le triplé :

Le triplé de trois notes de même nom (exemple : Ré Ré Ré = 2T 2T 2T), s'il est rendu par trois actions sur un même bouton, est très staccato. Il est possible d'adoucir ce jeu par deux techniques de substitution de la note médiane. Soit en produisant la note à l'octave (Ré Ré2 Ré = 2T 11T 2T), soit en la remplaçant par une autre note, le plus souvent immédiatement supérieure (Si Ré Si = 10T 11T 10T)... en conservant, dans la mesure du possible, le même geste (un seul tiré ou un seul poussé).

Autres cas :

Il est facile de remarquer que les autres ornementations combinent note d'ornement ("grace note" en anglais) et note à orner. L'essentiel pour le concertiniste est de s'entraîner à cette relation avant d'envisager toute autre combinaison. La plus simple relie deux notes à produire d'un même mouvement (tiré ou poussé) sur deux boutons voisins. La manoeuvre consiste à toucher rapidement la "grace note" et plus franchement la note ornée en s'efforçant de lier les deux notes d'un jeu legato. Quelques exemples :
 
 
Note ornementée
Grace note
Boutons
Si
11T 10T
Fa
12 T 11T
Do
Mi
11P 10P
La
Sol
4P 1P
Sol
Si
14P 13P

A vous d'en découvrir d'autres !


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Dernière mise à jour : Janvier 2002


6. La santé du concertiniste

La douleur du musicien est de plus en plus prise en compte par les médecins et les instrumentistes. Des centres spécialisés se mettent en place. En cas de problème pas de panique : consultez.
Des associations telles "Médecine Des Arts" (mda@worldnet.fr) ou "Bio-amadeus" (tdincer@multimania.com) peuvent vous orienter vers un spécialiste, écrivez-leur.

Mais comme toujours, puisque prévenir vaut mieux que guérir, écoutez ces quelques conseils, glanés de ci de là et confortés par ma propre expérience.

6.1. Recommandations d'ordre général

- Avant de jouer faites comme les sportifs : échauffez vos muscles par quelques exercices.

- Ménagez-vous, organisez des temps de repos. Ne vous acharnez pas pendant de longues heures de répétition sur un air à acquérir en force. Une demi-heure chaque jour vous profitera plus que trois heures un week-end.

- Pas de position tordue, soyez symétrique. Installez-vous confortablement, assis bien droit sur une chaise, les pieds au sol, chaque côté du concertina sur un genou. Efforcez-vous de répartir l'effort sur vos deux bras.

- Au premier signe de douleur ou de fatigue arrêtez-vous.

- Jouez décontracté.

Pour bien jouer le musicien doit être détendu. Décontraction des muscles des doigts mais aussi des muscles cardiaques. Pourquoi bloquer son souffle aux moments les plus difficiles alors que c'est le moment où vous avez le plus besoin de votre souffle ? L'archer sait que bloquer son souffle au lâcher de la flèche fait trembler son bras. Déconnectez le flot de la musique du flux de votre respiration . Pour y parvenir :

- Ne jouez pas trop vite, vous serez plus calme, plus détendu. La vitesse viendra toute seule plus tard sans forcer.

- Installez un rythme interne métronomique, pour marquer le swing de vos danses, par exemple en vous aidant du balancement de votre tête plus doux que le battement brutal de votre pied. Je fais mienne une idée de Mary MacNamara : le battement du pied ajoute de l'effet au notes en faisant vibrer l'instrument, mais le balancement de la tête aide au maintien du swing.

- Faites du yoga

Pour approfondir ces questions voir ce site en langue anglaise http://eeshop.unl.edu/music.html et ce site en langue française de l'association "bio-amadeus" http://www.ars-dom.com/bioamadeus/bio-som.php
Un bon article extrait du "journal français de l'orthopédie" à lire ici : "les affections du membre supérieur chez les musiciens"

6.2. Recommandations spécifiques à certaines parties du corps :

Doigts et poignets

Les crampes dans les doigts jusqu'à la grave maladie "du syndrome du canal carpien" peuvent être prévenues d'une manière simple évoquée par un concertiniste américain Ken Coles dans http://www.concertina.net/kc_foam.html

L'idée est la suivante : la main doit être légèrement surélevée afin d'éviter la torsion permanente des doigts et la pression des ligaments. Pour se faire, procurez-vous dans un magasin de bricolage une gaine d'isolation thermique de chauffagiste. Vous y couperez deux tronçons qui entoureront la barrette de bois où repose la paume de vos mains. Le contact de la mousse de la gaine est agréable et vos doigts souffriront moins en attaquant les boutons sans être constamment contractés.

Les épaules

Mon kinésithérapeute m'a conseillé des exercices pour renforcer mes épaules. Je pratique ces mouvements chaque jour à raison d'une dizaine de séries de 20 mouvements. Pas de matériel, pas de travail au sol. Ces exercices peuvent être menés sur le lieu de votre travail ! On les pratique debout le long d'un mur d'une manière quasi naturelle. Les effets bénéfiques commencent à se faire ressentir après trois mois d'assiduité.

Important : entre deux séries il convient de ménager des temps de repos au moins égaux au double du temps consacré à chaque exercice. Comme toujours arrêtez vous à la première douleur. Chaque série se compose de trois mouvements :

- dos au mur, les pieds écartés de la paroi, votre corps repose sur  vos épaules et vos coudes. Vous poussez le haut du torse vers l'avant en vous appuyant sur vos coudes. Pratiquez 20 fois puis enchaînez ;

- face au mur, les pieds écartés de la paroi, vous êtes bras tendus paume de vos mains sur le mur. Vous poussez votre torse en avant puis le reculez. L'objectif est de faire travailler la jointure épaule/torse. Pratiquez 20 fois puis poursuivre ;

- même position que précédemment. Cette fois vous pratiquez des "pompes au mur" en fléchissant les coudes et les épaules. Pratiquez 20 fois puis arrêtez.

6.3. Recommandations spécifiques à la musique irlandaise

Que n'ai-je entendu cette réflexion menée par de jeunes français. "Le jeu rapide est néfaste aux muscles, mais la musique irlandaise doit être jouée rapidement comme le font les "Bothy Band" (groupe phare de la musique irlandaise), que puis-je faire ?..."

Plus je pratique la musique irlandaise et plus je vieillis à ses côtés plus je réalise combien cette opinion est erronée. L'essentiel de la musique irlandaise ne réside pas dans la rapidité mais dans le rythme et l'ornementation des notes. Il y a un gouffre entre la sensation de vitesse produite par le jeu d'un bon musicien irlandais et la réalité des choses. Le foisonnement de notes, généré par les ornements, nous induit en erreur. Ce qu'on perçoit comme rapide est souvent le reflet de la fluidité et du dynamisme de la musique.

J'ai mainte fois posé cette question à des irlandais "Comment jugez-vous ces français qui jouent votre musique ? La reproduisent-ils bien ?" Réponse : "les français sont bons mais ils ont un problème avec le rythme". Traduction : le son irlandais ne réside pas dans la vitesse de jeu mais dans la bonne exécution des temps forts et faibles.
Suivons les conseils de nos maîtres, si nous voulons jouer "comme des irlandais" attachons nous à jouer avec un bon "swing", de bonnes ornementations et sans excès de vitesse, nous ne jouerons que mieux... tout en ménageant notre corps pour pratiquer longuement notre passion !


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Dernière mise à jour : Décembre 2003